Ah, mes amis au physique rieur et risible. Je suis ravi que vous me posiez cette question, question que je n'hésiterais pas à qualifier d'essentielle.
Alors déjà il convient de se demander : peut-on vivre sans rire ? Eh bien non, on ne peut pas. Il faut rire, c'est nécessaire voir indispensable. Pour tout vous dire, je serai même tenté de dire que se soit obligatoire, et toute personne surprise à faire la tête trop longtemps devrait recevoir une baffe dans la gueule. Vous me direz vous aurez raison, ce n'est pas comme ça que l'on va l'inciter à rigoler. Mais au moins, cette personne aura une bonne raison, de tirer la tronche. Il faut rire, rire et rire encore. Et attention je parle de toutes sortes de rires. Il y a le rire qui vous fait pleurer. Celui là même qui fait couler des larmes de joie aux commissures des lèvres bloquées dans un rictus géant qui vous fait ressembler, l'espace d'un instant, dans l'expression du visage, à un jeune marin grec qui pour la première fois, se fait dégazer l'entrée du port par un gros tanker. Mais il n'y a pas que celui là. Il y a l'éclat de rire. Celui là même qui, sans crier gare, provoque chez vous des crises de joie, qui vous font tendre les veines du cou, vous assèche la glotte, et qui vous fait ressembler dans l'expression du visage, à la bigouden qui après six mois d'attente reçoit le gros chalut de son bigouden, qui sous l'empressement du retour aux soutes trop pleines, vient frotter sans sommations avec force, l'entrée d'une cale qui portant était loin d'être sèche.
Donc, vous l'aurez compris, avec ces deux exemples, le rire a comme vertu d'allumer le visage et de secouer salutairement le ventre. Maintenant une grande question se pose : S'il est nécessaire pour l'Homme de rire, peut-on rire de tout ? Peut-on rire du malheur des autres ? Mais oui, on peut ! Mais attention, toujours en cachette. Ce n'est parce que c'est cruel que je dis ça. Ça, on s'en fout, c'est même plutôt drôle. Mais c'est parce que si pour une raison X ou Y, notre rire venait à les rassurer, ils seraient du coût moins malheureux, et il faut bien le dire, le bonheur des autres, on en a rien à foutre, c'est chiant.
J'illustre mon propos. Quand avec votre copain ou votre copine, vous recevez une amie qui va bien, une fois la soirée terminée, vous n'avez aucune mesquinerie à partager pour un bon rire dans le couple. Ça donne du style :
« Elle est plutôt en forme Déborah. »
« Ouais. »
« Remarque quand le boulot, ça va, les amours, ça va. »
« Ouais, ouais. Il y a quoi à la TV ? »
Vous voyez l'intérêt est réduit. Il faut que les gens soient malheureux, prenons le même exemple quand Déborah ne va pas bien :
« T'as vu, Déborah, c'est quand même la galère ce qui lui arrive ! »
« Ben ça c'est clair. Commencer une crise d'acné purulente à 37 ans, c'est la poisse ! Et puis, question mecs, je ne crois pas que ça va s'arranger ! »
« Pourquoi tu dis ça ? »
« Ben si elle est couverte de boutons, ce n'est pas parce qu'elle a un terrier version NASA, qu'elle trouvera pour autant un candidat pour lui mettre un Spoutnik en orbite ! »
Bref, je m'emballe, mais à tous ça il y a une moralité :
Pour que nos vies soient riches, pour que nos vies soient pleines,
il faut souvent rire, se taper la bedaine.
Se dire qu'une mauvaise passe ne doit pas durer.
Que d'un instant à l'autre, le soleil va se lever.
Rire, c'est se débarrasser de ses mauvaises tensions.
C'est comme purger son corps, victime de la pression.
A contrario du sexe, le rire donne bonne haleine.
Pratiqué sans retenue (mais cette fois comme le sexe) c'est très bon pour les veines.
Une gorge bien déployée, je n'y vois que du bon.
Riez tout simplement, ça empêche d'être con.
Merci.