mercredi 17 novembre 2010

Le journalisme, est-ce retranscrire ou déformer ?

Ah, mes amis à la ligne éditoriale aussi droite et ferme que leur vaillance érectile, voilà une question qui me tient à cœur.

Figurez vous que des journalistes, j’en ai connu. Et de tout poil, qui plus est. Alors quelle est leur mission ? Apporter au monde les nouvelles sous leur forme brute, c'est à dire : retranscrire. On peut dire que c'est un acte noble qu'il convient de saluer. En effet, voir, entendre, découvrir une info sans la changer, la communiquer est un acte de bravoure et de rigueur intellectuelle dont il faut féliciter son instigateur.

Prenons l’exemple des inondations dans le Sud-Est de la France, un sujet qui inquiète. Si l’on retranscrit simplement et honnêtement, on dira, s’il fait beau dans le Sud-Est du pays, qu'il fait beau dans le Sud-Est du pays. On n’en rajoute pas. Du fait, du fait, du fait, du fait, du fait, rien que du fait ! Du coup on est enfermé, et tout va bien. On a rien promis, on a rien menti. Si les gens veulent des infos sur les conditions météo futures, il faudra patienter. Pas de sensationnalisme. C'est franc, oui, mais... c'est chiant.

Alors, pourquoi ne pas assaisonner tout ça, et dire : « Pour l’instant, il fait beau, mais selon la rumeur des nuages sont en formation du côté d'Istanbul. Et vous connaissez le proverbe : nuage en Turquie, grosse pluie qui chie. Peut-être qu'une nouvelle catastrophe se prépare mais on en est pas sûr à 100%, je vous rappelle en cas de déluge. » On ne ment pas, on ménage un suspens qui peut se révéler exact. Et surtout, on bloque le client dans la boutique, car il veut savoir, le lascar, si son garage sera inondé, si son parquet va sauter comme un pois mexicain, si sa femme va se refuser à lui un mois sous prétexte que ses pantoufles cuir laine sont foutues. Ce n’est pas déformer, c'est donner un peu de piment.
Et quand je mentionne « déformer », ne voyez pas de sens péjoratif. Il y a des infos qui méritent la déformation. Quoi de plus chiant qu'un couronnement ou qu'un mariage ? Ah, je me souviens, à l’époque où j’étais chroniqueur mondain à l’Edelweiss qui chante, j’avais tendance à déformer un chouïa. Quand Charles a épousé Diana, je ne me suis pas contenté de commenter le défilé en carrosse et l’échange de bague ! J’ai rajouté au moins quelques petits trucs (des trucs qui vous rassurent, je vous rassure tout de suite) des trucs qui ne mangent pas de pain qui ajoutent juste un peu de sel. J’avais dit : « Et voilà le prince qui, dans son superbe uniforme, passe une sublime bague au doigt gracieux de l’enivrante Diana Spencer ! Tout à l’air de si bien aller, on se demanderait presque si le prince est au courant de la syphilis de sa fiancée. » Enfin trois fois rien. Juste histoire de réveiller l’auditeur, sans plus.

Quoi qu'il en soit, et j’en conclurai de la sorte :

La bonne façon de traiter l’info n’a pas de règle,
Quelquefois, il faut retranscrire sans fard,
D'autres fois, il faut maquiller un peu.
Quant à la déformation :
Uniquement en ce qui concerne des sujets légers.
Si c'est le cas, n’hésitez pas :
Personne ne vous en voudra de déformer une bonne petite n’info.

Merci.

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